L'art du chevalement : Loo hui Phang ; Philippe Dupuy

En décembre les 2 auteurs sont venus présenter leur travail au Louvre-Lens et c'était très intéressant. Notamment on se rendait compte que certaines correspondances entre l'art et la mine qui semblent évidentes à la lecture (même si on n'y pense pas spontanément), leurs étaient apparues au fil des rencontres avec d'anciens mineurs et au fil de leurs lectures.

La BD a pour atout de ne pas être didactique. Et le dessin est léger, comme un rêve. Au travers du dialogue entre le mineur et les œuvres d'art, les auteurs posent des questions (qu'est-ce que l'art ? ; qu'est-ce qui relie les œuvres d'époques et de lieux différents ?) et nous parlent de l'humanité, du labeur, de la mémoire et de la transmission.

 

(pour la dédicace, Dupuy ne s'est pas foulé quand même. Dommage)

Pétillon : Palmer en Bretagne

La Bretagne, son climat particulier, ses éleveurs de porcs, son folklore, ses algues vertes, son trafic de homards. Et ses "invités" insupportables (collectionneurs d'art, attachée de presse, journalistes,...).

C'est à un jeu de massacre sans temps mort que nous invite Pétillon (qui est breton). Tout le monde en prend pour son grade,il n'y en a pas unpour rattraper l'autre.
Palmer, lui, voit ça de très loin, coincé sur un caillou à cause de la marée. C'est un peu le défaut de l'histoire.












Merci à Monsieur Pétillon (qui est très gentil) pour sa dédicace.

La Colonne - Dabitch / Dumontheuil

J'ai beaucoup de retard dans le compte-rendu des BD lues ces derniers temps. Je commence par La Colonne ou l'histoire de l'expédition Voulet-Chanoine, ayant pour objectif la conquête du Tchad. Ce 1er tome raconte les préparatifs et les débuts de la Colonne. C'est très à charge et parfois (volontairement) outrancier ; le traitement est plutôt tragi-comique, bouffon, ce qui permet de prendre de la distance par rapport aux horreurs racontées (que ce soit les propos ou les actions) ; distanciation renforcée par le fait qu'une bonne partie du récit est basée sur le dialogue entre un tirailleur et l'esprit -blanc- de la Colonne.
Dumontheuil est revenu à la couleur directe, ce qui est une bonne idée et les cases me font penser aux vignettes d'autrefois, ce qui correspond bien au sujet.

Le chien qui louche - Davodeau

Abordant une question complexe -Quelles oeuvres méritent d'être exposées dans un musée et en particulier dans le plus grand-, Davodeau nous régale avec humour, sensibilité et légèreté. Il nous montre simplement que l'art nous accompagne partout.
J'ai en particulier beaucoup aimé les correspondances entre certaines statues et les situations.
Lecture recommandée !

Frederik Peeters : Aama tome 3 - Le désert des miroirs

Graphiquement, Le tome 3 est une réussite : c' est une explosion de couleurs et le dessin est fouillé, riche ; le monde organique imaginé par Peeters est fascinant.

Après, il y a l'histoire... Et là,je cale un peu. J'espère que Peeters sait où il va, parce que ce 3ème tome est plutôt obscur, avec sûrement plein de références à la littérature de science-fiction (mais comme je n'en lis pas...). Tout ce que j'espère, c'est que cela ne serve pas au final à cacher un truc un peu vide. Ou un peu facile, ce qui serait frustrant puisque Peeters nous a plongés dès le début dans un monde soulevant plein de questions. La technologie aurait finalement mangé l'histoire (mais c'est en même temps un axe de la série ; c'est compliqué tout ça). Bref, je croise les doigts pour l'année prochaine et le dernier tome. 

La nuit du capricorne - Grégoire Carlé

Quelques jours en été dans une banlieue sans charme où l'on s'ennuie ; l'heure du basculement, de la mue de l'adolescent en adulte (dont le monde semble peu réjouissant). Sur un thème rebattu, Grégoire Carlé instille un peu de magie et de fantastique, faisant la part belle aux sensations. 

Des anecdotes banales (le bain dans la rivière, le bal, la balade en forêt...) se dégage un parfum de mystère qui rend ce récit poétique très attachant.

     

La Fille - Blain / Carlotti

"La Fille" est un objet hybride, BD-Livre-CD. Sur la page de gauche, le texte, sur la page de droite, les dessins ; quelquefois un dessin sur une double page. On peut lire le texte puis regarder les dessins ; regarder les dessins en écoutant le cd (qui reprend le texte) ; écouter le cd.

Dans l'histoire, il est en fait davantage question du cow-boy que de la Fille. Barbara Carlotti récite  le texte et chante d'un ton neutre que j'ai trouvé tout à fait adapté (certaines personnes reprochent le ton monocorde, mais je trouve au contraire que c'est très bien comme ça). L'univers sonore (bruitages) est très réussi.

Mais j'ai trouvé que l'histoire était un peu courte (alors que le cd dure 1 heure) ; cela ressemble davantage à une ébauche d'histoire.

Blain et Carlotti envisagent en tirer un spectacle.

Mais dans tout ça, l'essentiel était d'obtenir une dédicace de Blain, que je n'avais pas vu depuis 2000. La séance de dédicaces avait lieu au Furet du Nord à Lille le 8 juin dernier. je suis arrivée 1h30 avant le début de la séance, craignant le monde (même si je pense que La Fille intéresse relativement peu de monde en fait, surtout vu le prix). A notre grande surprise, lorsque la séance a commencé, nous étions 8 ! D'autres personnes sont arrivées par la suite, mais quand même ! On pense que cela était dû au festival d'Anzin qui avait lieu le même jour. Nous en avons donc profité, en passant plusieurs fois.

 

AG de l'Association : Delisle, David B, Trondheim, Stanislas and co

Ce week-end, c'était l'Assemblée générale de l'Association. L'occasion de rencontrer du beau monde et notamment Delisle que je n'avais encore jamais eu l'occasion de voir.
L'AG m'a bien fait rire. Ce ne sont vraiment pas des gestionnaires !
Voici quelques résultats du week-end :  Delisle / Ayrolles / David B / Trondheim - Stanislas - David B - Killofer (pour "Quoi ! l'Association").

Reste (entre autres) la dédicace de Grégoire Carlé, mais je dois lire la BD. Et avec tout ça, je n'ai pas encore lu/écouté La Fille de Blain et Carlotti.....

Rimbaud l'indésirable - Xavier Coste

Après Egon Schiele, Xavier Coste a choisi Rimbaud comme sujet de sa deuxième BD.

Le récit est divisé en deux : la première partie débute avec sa première fugue et est centrée sur sa relation mouvementée avec Verlaine. On y voit un Rimbaud mu par la volonté farouche de faire connaître -et reconnaître- sa poésie, mais qui finit par se mettre tout le monde à dos par son comportement arrogant, grossier, manipulateur.

La seconde partie, c'est l'Afrique. Rimbaud a cessé d'écrire et part vivre l'aventure. Mais là aussi, il va déchanter, ne supportant pas la chaleur et l'ennui de travaux administratifs. L'ennui le ronge. Sa première tentative de vente d'armes se révèlera longue, épuisante et sera un échec.

Coste a choisi des couleurs plutôt froides pour la première partie et chaudes pour la seconde. Dans des paysages chaotiques, on est assommé par le soleil et la chaleur. Il est dommage que cette partie manque de dynamique ; j'ai trouvé ce récit en Afrique figé, peu incarné. Mais la fin, à l'hôpital, est poignante

           

Riff Reb's : Le loup des mers (Jack London)

Avant de parler de Blain, il faut que je termine le festival d'Amiens...

Humphrey Van Weyden, critique littéraire, est recueilli et embarqué de force comme mousse après un naufrage. Il va être confronté au Loup des mers, maître absolu sur son bateau, violent, cruel, nihiliste et érudit. Le capitaine va sans cesse provoquer Humhrey lors de discussions philosophiques notamment sur la valeur de la vie et l'immortalité de l'âme. C'est un huis-clos tendu, sombre, éprouvant (on vit les tempêtes comme si on était sur le bateau), magnifiquement rendu par le graphisme et les couleurs (bichromie dont les couleurs changent selon les chapitres). 

Et quelle dédicace !



 

 

Clément Baloup - Quitter Saigon

3 témoignages de vietnamiens ayant quitté Saigon pour s'installer en France. Guerre avec le Japon, avec les Etats-Unis, débuts du régime communiste, boats-people, tout est raconté simplement, à hauteur d'homme. Le dessin passe du gris pour le Vietnam aux couleurs très vives pour la France.
Un 2ème tome (beaucoup plus épais) est dédié aux Vietnamiens installés aux Etats-Unis.

Duhamel / Kris : les brigades du temps

Ce week-end, c'était le festival de la BD d'Amiens. l'occasion de faire quelques emplettes. Je commence avec cette nouvelle série (les 2 premiers tomes sont sortis).

D'un côté les Manipulateurs qui modifient le passé, de l'autre les Ukroniens, hommes du futur, qui ont pour mission d'éviter que cela n'entraîne des modifications radicales de l'avenir. Le diptyque commence par la mort de Christophe Colomb lorsqu'il pose le pied sur le sol de ce qui deviendra (devrait devenir) les Amériques. Les Ukroniens envoient, parce qu'ils n'ont personne d'autres sous la main, Daggy et Stuart remettre les choses en ordre. 

Après Notre mère la guerre, Kris s'est lancé dans un registre très différent. La BD est fort sympathique, amusante, reposant sur un duo -classique- improbable. Les blagues ne sont pas toujours d'un haut niveau, mais ce n'est pas très grave. Le récit est bien mené et on ne s'ennuie pas une minute. 

Le prochain diptyque devrait être consacré à une Jeanne d'Arc combattant aux côtés des anglais parce qu'elle n'a pas entendu les bonnes voix. Kris est très excité par ce projet :-)

 

dédicace Duhamel / Kris

Xavier Coste : Egon Schiele - Vivre et mourir

Jeune auteur (24 ans !), Xavier Coste a choisi pour son premier album (sorti en 2012) de raconter la courte vie d'Egon Schiele.

Protégé de Gustav Klimt, Egon Schiele a très vite rejeté l'académisme de son époque pour suivre son propre chemin, non sans mal et non sans scandales.Il sera emprisonné pour pornographie (arrêté pour avoir fait poser nues des mineures et finalement condamné pour avoir laissé à proximité d'enfants des dessins pornographiques). Planqué à l'arrière pendant la guerre comme gardien de prison, il meurt de la grippe espagnole à 28 ans.

Menteur, manipulateur, égocentriste, tourmenté, Egon Schiele n'est pas forcément un personnage sympathique, mais est totalement obnubilé par son art.

Le graphisme et les couleurs sont une réussite, hommage au peintre.

 

 dédicace 2013

Manuele Fior - L'entrevue

Italie, 2048 - Raniero, psychologue d'une petite cinquantaine, traverse une période troublée, perdant peu à peu ses repères : il a un accident de voiture après avoir vu des triangles lumineux dans le ciel ; sa femme le quitte ; plus tard il sera agressé à son domicile.
Il fait la connaissance d’une nouvelle patiente, Dora, qui prétend avoir vu également le vaisseau spatial et pouvoir communiquer par télépathie.

Je vais commencer par le négatif : j'ai refermé la bd en me disant "Tout ça pour ça ?". L'histoire pourrait se résumer en une crise de la cinquantaine, le côté anticipation n'étant pas vraiment justifié si ce n'est pour le développement de la télépathie (certains habitants prônent la liberté sexuelle -en 2048 ??- ; on se croirait dans les années 70, c'est assez curieux).
Le positif, c'est l'atmosphère qui se dégage du récit, le travail sur les silences et le suggéré et un magnifique travail graphique, tout en noir/blanc/gris.

Manuele,il reste à travailler un peu le scénario :-)

 

dédicace 2013

L'étranger - Ferrandez

Après avoir adapté "L'hôte" -que je n'ai pas lu-, Ferrandez s'est attaqué à L'étranger. Ayant lu le livre il y a très, très longtemps, je n'ai plus que de vagues souvenirs, plutôt des sensations d'ailleurs.
Il me semble quand même que l'adaptation est fidèle au roman ; la narration est épurée,graphiquement on passe du soleil écrasant (1ère partie) à l'ombre (2ème partie) et les aquarelles sont vraiment très belles.

Ici, Ferrandez commente 3 planches : http://www.telerama.fr/livre/bd-l-etranger-le-roman-d-albert-camus-adapte-par-jacques-ferrandez,96095.php

Terra Australis - Bollée / Nicloux

Des prisons anglaises à Botany Bay, Bollée et Nicloux nous embarquent dans une expédition passionnante. Très documenté, l'ouvrage mêle personnages historiques (La Pérouse côté français) et anonymes, qui ont tous existé sauf Smith. 

La 1ère partie présente -dans le monde crasseux et miséreux de Londres- les principaux personnages (John le gamin des rues, Caesar l'ancien esclave envoyé à Londres après la guerre d'indépendance, Phillip qui deviendra le premier gouverneur de la colonie,...) ; la deuxième partie raconte le voyage de 9 mois -10 bateaux, 1000 personnes !- et la dernière partie les débuts difficiles de la colonie. C'est un pavé de 500 pages en noir et blanc qu'on a du mal à lâcher. J'aurais bien un petit bémol pour certains dessins de personnages, mais face à un tel boulot, je m'incline. 

En le lisant j'ai réalisé que la seule BD de Glénat dans ma bibliothèque, c'est "Les passagers du vent". Et ce n'est sans doute pas un hasard... Gros, gros coup de coeur !

Le Formidable Salon de la Bande Dessinée (Bruxelles)

Ce week-end avait lieu la première édition du Formidable Salon de la Bande Dessinée à Bruxelles. Cela consistait à quelques stands ajoutés au salon Made in Asia principalement consacré aux mangas. Le principal stand était celui de la librairie Brüsel qui organisait des dédicaces avec du beau monde : Davodeau, Berberian, Trondheim, Prudhomme, Alfred, Boulet, Vivès, Bouzard et autres.

Le salon Made In Asia m' a plongée dans un monde inconnu de moi : celui des fans de mangas. Et je me suis régalée à regarder tous les déguisements, certains étant très sophistiqués et très beaux. Évidemment, je ne savais pas quels étaient les personnages de mangas ou de jeux vidéo ainsi personnifiés, mais cela n'avait pas d'importance (j'ai quand même reconnu Mario et Luigi...).

Voici les dédicaces obtenues avec dans l'ordre Trondheim, Berberian, Davodeau et Alfred. Seul mon budget m'ayant empêchée d'en rapporter davantage :-(

Belleville Story - Perriot / Malherbe

J'avais parlé du 1er tome ailleurs, mais avais attendu une occasion pour acheter le tome 2. occasion qui s'est présentée il y a peu.
Si le 1er tome m'avait marquée par sa violence (Belleville, la nuit, ça fait peur !), le second permet de mieux connaître Freddy et Zhu qui deviennent humains et attachants. Je ne savais pas (ou j'avais oublié) que le personnage de Zhu est inspiré d'une personne réelle, détective ayant sauvé des femmes chinoises dans les années 90.
Le récit est toujours dynamique et haletant. Une réussite dans le genre.

                                                                                                                                                                                                                                            

Dédicace 2012

et j'en profite pour rappeler Taïga Rouge des mêmes auteurs. Formidable récit d'aventure dont on espère pouvoir lire un jour la suite.

dédicace 2012

Guibert : L'enfance d'Alan et un peu des Carnets de Chine

Après avoir raconté la guerre d'Alan Cope, Emmanuel Guibert se penche sur l'enfance d'Alan entre 4 et 11 ans.

C'est la Californie d'avant-guerre, la Californie avec ses vergers, ses arbres (séquoias, yuccas, acacias, poivriers,oliviers, poison ivy), son désert, ses serpents, une Californie sans smog et qui sent le citron et le laurier.

Les premières pages, en couleurs, sont magnifiques. Et pour moi, c'est bien le dessin qui est l'atout majeur, tout en finesse. Et si j'aime les dessins très fouillés chez Guibert, ici j'ai une préférence pour les dessins sur fond blanc, épurés, où le souvenir se mêle au rêve.

En revanche, je trouve que les anecdotes (souvent de  toutes petites anecdotes) ne débouchent sur rien. Jusqu'à la fin tragique et culpabilisante pour Alan. C'est la découverte d'une Californie bien oubliée -et pourtant pas si lointaine- loin des Mad men de l'autre côte, loin de ses starlettes en tout genre, qui est la plus émouvante.

Suite à venir avec l'adolescence.

Lors de la dédicace, j'ai demandé à Guibert si ses carnets de Chine seraient publiés.Mais il n'y a pas assez de matière pour une publication. Peut-être s'il a l'occasion d'y retourner et d'enrichir son carnet (qu'il a eu l'extrême gentillesse de me laisser feuilleter).

Dédicace 2012

Frederik Peeters : Aâma tome 2

Nous retrouvons Verloc, son frère, Frienko, Myo et la petite fille en partance pour rejoindre le professeur Woland. Les flashbacks s'emboîtent les uns dans les autres, mélangeant l'intime (l'histoire de Verloc, sa femme et sa fille) et la découverte de paysages fantastiques et d'une végétation luxuriante donnant l'occasion à Peeters de nous offrir des dessins très riches. On sent une menace permanente et le suspens reste entier...

Dédicace 2012